Abbaye de Saint-Maurice

Communiqué de presse de l’Abbaye de Saint-Maurice comme PDF

L’Abbaye de Saint-Maurice prend toutes les mesures en son pouvoir pour aider à la vérité et à la
justice. Elle a demandé de l’aide à Rome. Elle exprime une demande de pardon envers toutes les
personnes blessées.

Le chapitre de l’Abbaye de Saint-Maurice s’est réuni le mardi soir 21 novembre afin d’apprécier la
situation soulevée par le reportage diffusé par la RTS dans son émission Mise au point. Il a désigné le
chanoine Antoine Salina comme représentant de l’Abbaye de Saint-Maurice pour s’exprimer
aujourd’hui en conférence de presse. Le chanoine Salina est âgé de 65 ans et est à l’Abbaye depuis 38
ans. Il a enseigné durant 33 ans au Collège et géré l’internat durant 31 ans. Il est actuellement à la
retraite depuis le 31 août 2023, mais occupe une fonction de prêtre auxiliaire dans nos paroisses.

Tout d’abord, notre communauté voudrait exprimer une demande de pardon à toutes les victimes des
agissements de certains confrères chanoines, à tous nos fidèles et amis de l’Abbaye, à tous nos
collégiens de maintenant et d’avant, aux autorités qui nous ont fait confiance en lui délégant la
conduite du Collège depuis si longtemps au travers de Conventions renouvelées, à tous les collègues
enseignants actuels et ceux d’avant, à tout le personnel et les collaborateurs qui se dévouent au service
de la maison.

Personne dans l’Abbaye ne peut prétendre avoir une vision exhaustive de tout ce qui s’y est passé
depuis un siècle.

Nous exprimons la ferme détermination que lumière soit faite sur toutes les situations d’abus qui
pourraient se révéler. Nous réitérons l’appel à victimes et témoins qui pourraient permettre d’aller dans
le sens de la pleine vérité. Notre objectif est de retrouver la profondeur de la mission de l’Église en
faveur des plus faibles. Nous ne sommes qu’une petite poignée de religieux, mais voulons agir avec
détermination, rapidement et en toute transparence. Pour cela l’Abbaye collabore de façon étroite
avec la justice.

Nous pouvons d’ores et déjà vous annoncer qu’une mesure très importante a été prise par le chapitre
abbatial. L’Abbaye a en effet demandé à Rome la nomination d’un délégué apostolique pour reprendre
la gouvernance de la Communauté qui, de toute évidence, est trop fragile. Son nom sera communiqué
dès sa désignation.

Pour le moment, l’Abbaye collabore activement avec le ministère public sur les cas récents et anciens
lui ayant été signalés. Des instructions sont en cours et nous devons respecter les impératifs de la
justice.

La publication du Rapport commandé par la Conférence des Évêques suisses sur l’histoire des abus
sexuels dans le contexte de l’Église catholique romaine en Suisse depuis le milieu du 20e siècle, datant
du 12 septembre dernier, a sensibilisé l’opinion publique et les évènements de ces jours derniers ne
font qu’amplifier ce mouvement.

Nous aimerions ici essayer de clarifier un certain nombre de cas. Plusieurs remontent à plus de 60 ans
et leurs auteurs sont pour la plupart décédés. Les plus anciens cas ont été portés à la connaissance de
la Communauté à l’occasion de ce mouvement de clarification. D’autres cas concernent des situations
qui se sont soldées par des périodes de prison préventive et des peines de prison avec sursis.

Dans les cas plus anciens, il en est un qui a été communiqué la semaine dernière à l’Abbaye par son
auteur lui-même. Ce cas a été aussitôt transmis au Ministère public par l’Abbaye. Il s’était déroulé il y a
environ 45 ans à Porrentruy. Son auteur a porté à la connaissance du Procureur l’objet avant l’émission
de la RTS.

En ce qui concerne le cas du chanoine Roland Jaquenoud et selon une instruction du Vatican datant
de 2003 et portée à notre connaissance, il a été accusé d’actes homosexuels consentis entre adultes.
Ces actes sont condamnés par l’Église (voeu de chasteté). Roland Jaquenoud a déjà été puni une fois
pour ses actes. Il paie une seconde fois. Il a aujourd’hui pris de la distance pour rejoindre un membre
de sa famille qui lui apportera du soutien. Si un ancien novice pense encore être une victime, comme
exprimé par la presse, nous sommes disposés à accueillir son témoignage et le cas échéant le
transmettre à la Police. Roland Jaquenoud a, lui, été entendu hier par la police judiciaire.

Concernant le premier cas évoqué dans l’émission Mise au point, la justice s’est prononcée trois fois (un
arrêt de non-lieu, une décision refusant la reprise de la procédure et une ordonnance du Tribunal
cantonal confirmant le refus de reprendre la procédure). Nous avons consulté les pièces. Le
témoignage de la jeune femme est bouleversant, nous sommes prêts à l’entendre. Nous avons
également entendu le chanoine concerné et il ne revient pas sur sa version. Nous ne pouvons
naturellement pas juger la façon dont la justice a été rendue il y a 20 ans dans ce canton.

À propos de Monseigneur Jean Scarcella, il a suspendu sa charge d’Abbé de Saint-Maurice jusqu’à la fin
de l’enquête préliminaire. Nous vous tiendrons informés au plus vite des conclusions de cette enquête.

Finalement, concernant le collège, nous prenons acte de la constitution par l’État d’une task force.
Nous allons tirer toutes les conclusions qui s’en imposent. D’ailleurs, le chanoine Alexandre Ineichen a
décidé de se mettre temporairement en retrait de sa fonction de recteur du Collège, afin de laisser
cette task force sereinement. Les jeunes du Collège ne sont cependant pas en danger et nous désirons
rassurer les parents car la suspicion est là. Nous allons tout faire pour essayer de rétablir la confiance et
nous sommes conscients que cela prendra beaucoup de temps.

Pour toute information nouvelle sur un dossier quelconque, l’Abbaye mettra un point d’honneur à la
traiter rapidement et en toute transparence, et la transmettra immédiatement à la justice.

Pour toute information complémentaire, veuillez vous adresser au chanoine Olivier Roduit, téléphone
079 250 68 52.